Partons à la découverte de l’architecture religieuse, si chère à l’Aubrac pendant des siècles notamment par le biais du chemin de Saint-Jacques qui traverse le plateau qui illustre bien l’identité du territoire. Nous vous proposons une promenade virtuelle à travers les sites historiques aubraciens qui abritent des œuvres d’art.
Départ de notre visite au village d’Aubrac
Perché à 1 300 mètres d’altitude, au cœur du Parc naturel régional de l’Aubrac dont il est le siège, le village d’Aubrac est un des sites emblématiques du plateau. Situé au croisement des départements de l’Aveyron, du Cantal et de la Lozère, il est un véritable témoin de l’histoire économique, humaine et agricole du territoire. Le village, aujourd’hui prisé des pèlerins, est un passage incontournable du GR65, Chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle de la Voie du Puy-en-Velay. Il a par le passé fait figure de refuge pour les gens de passage et les malades.
En tant qu’étape importante sur les chemins de Saint-Jacques, la dômerie d’Aubrac connait une forte croissance économique, échappe au contrôle de l’abbatiale de Conques, et acquiert de nombreux terrains dans la région, notamment la tour de Bonnefon, à proximité de Saint-Chély d’Aubrac, érigée pour défendre la grange de la domerie d’Aubrac. Aujourd’hui, l’Eglise Notre Dame des Pauvres d’Aubrac est décorée de plusieurs fresques, peintes par Hervé Vernhes entre 1993 et 1994 qui racontent la naissance de la dômerie d’Aubrac.

2ème étape : direction la Tour de Bonnefon
La Tour de Bonnefon a été construite au XVème siècle pour assurer la défense de la grange des moines de la Domerie d’Aubrac.
Les moines d’Aubrac possédaient à Bonnefon des terres et des greniers qui étaient souvent pillés par des brigands. Pour les défendre, ils construisirent cette tour. L’édifice comporte un rez-de-chaussée et quatre étages reliés par un escalier hélicoïdal. Le système défensif se compose de meurtrières et glacis en partie basse.

3ème étape : le village de Saint-Chély-d’Aubrac
Saint-Chély-d’Aubrac est niché au cœur de la vallée creusée par la Boralde de Saint-Chély, à mi-chemin entre le plateau de l’Aubrac et la vallée du Lot. Passage incontournable de plusieurs chemins de grande randonnée, le tourisme est l’une des activités qui fait vivre ce petit village de l’Aveyron. Son patrimoine est fortement lié au pèlerinage, l’église et le pont des Pèlerins en sont les principaux témoins.
Découvrons son église
La première église du village daterait du XIe siècle. En 1385, des bandes de mercenaires pillent le bourg et incendient l’église. Elle est aussitôt reconstruite grâce à l’impulsion de la Dômerie d’Aubrac. Le clocher actuel est une ancienne tour de guet qui explique son aspect plutôt austère.
L’intérieur est aussi plein de surprises. Les doubles tribunes en bois sont peu courantes dans la région. Elles se retrouvent plutôt vers le sud-ouest de la France, notamment au Pays-Basque. L’église étant trop petite pour accueillir tous les fidèles et son extension rendue impossible par sa situation dans le village, des tribunes ont été construites pour pallier ce manque de place. L’église abrite également un retable datant du XIVe siècle, l’un des premiers d’Europe.


Le pont des pèlerins
Le pont date du XIVe siècle et permet d’enjamber la boralde de Saint-Chély en bas du village. Sur le parapet, vous pourrez admirer la belle croix en pierre qui porte un bas-relief représentant un pèlerin, avec sa grande cape (pèlerine), son bourdon (bâton) et un chapelet.
Encore aujourd’hui, ce pont est emprunté par les marcheurs du monde entier qui cheminent sur la voie du Puy-en-Velay vers Saint-Jacques-de-Compostelle. Le monument est d’ailleurs inscrit sur la liste du Patrimoine Mondial par l’UNESCO dans le cadre du bien culturel Chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle en France.
4ème étape : halte au village de Laguiole
Laguiole, célèbre pour son couteau et son fromage, a décidément plus d’un tour dans son sac. Capitale emblématique de l’Aubrac, elle attire chaque année plus de 150 000 visiteurs, curieux de percer les secrets qu’elle renferme.
L’église du Fort
Surplombant le village, l’église Saint-Matthieu date du XVIe siècle et a été construite à la place d’un ancien château. Son emplacement s’appelle encore aujourd’hui le Fort. À l’intérieur, l’orgue a été installé en juin 2011. Il peut accueillir quinze jeux, soit 750 tuyaux.


Les fresques de Nicolaï Greschny
À proximité de la place du foirail, la chapelle Sainte-Thérèse abrite une crypte où vous pourrez découvrir la fresque de Nicolaï Greschny. Ce fresquiste d’origine estonienne a réalisé plusieurs œuvres sur les murs d’églises du Sud-Ouest de la France.
En savoir plus sur la fresque
La fresque est un style artistique récurrent dans la religion chrétienne, très utilisé lors de la décoration des églises. Cet art s’est principalement exprimé dans les Eglises orientales et byzantines, moins influencées par la Réforme qui frappa l’Europe occidentale au XVIème siècle. Néanmoins, la France a pu bénéficier de talents issus des Eglises orientales, notamment grâce à Nicolas Greschny.
Mais qui était-il ?
Greschny était un peintre de fresques et d’icônes Français, d’origine Estonienne, né dans une famille de peintres d’icônes le 12 septembre 1912 à Réval, dans l’empire russe ; aujourd’hui rebaptisée Tallinn, la capitale de l’Estonie. Toutefois, les nombreux rebondissements du XXème siècle marquèrent différentes périodes de la vie de l’artiste, à commencer par la révolution Russe en 1917 qui entraina une série de persécutions anti-chrétiennes sur la totalité du territoire de l’empire poussant ainsi sa famille à fuir vers l’ouest. Elle s’installa en Silésie, une région se situant aujourd’hui principalement à l’ouest de la Pologne, où il restera jusqu’en 1932.
Le deuxième bouleversement majeur que Greschny eut à traverser fut l’accession au pouvoir des Nazis. En effet, il suivait à ce moment-là un cursus à l’école des Beaux-arts de Berlin, et s’étant opposé aux idées du nouveau régime en place, il fuit l’Allemagne, et parcours l’Europe tout en peignant pour gagner sa vie.
Son périple l’amène à Louvain, en Belgique, où il s’installe en 1938 et suit des études de théologie, avant que la Seconde Guerre Mondiale ne le rattrape en 1940, le poussant à fuir vers la France. Il sera arrêté puis incarcéré au camp de Saint-Cyprien, à côté de Perpignan, où il reste pendant 2 mois avant de s’évader. Il partira à Toulouse pour reprendre ses études de théologie à l’Institut Catholique. Avec ce passage dans la ville rose, Nicolas Greschny élira domicile dans la région Midi-Pyrénées, où il acquerra un hameau près d’Albi en 1949. Il y érigera une chapelle, où il sera inhumé : la chapelle de Maurinié.
Par association, les fresquistes sont les artistes spécialisés dans les fresques. La famille Greschny, et Nicolas Greschny lui-même en étaient de dignes représentants, et ce depuis plusieurs générations. Ainsi, son parcours artistique se marque dans la continuité naturelle de son héritage personnel et familial, que sa foi chrétienne viendra renforcer.
En conclusion, l’art et l’architecture religieux ont profondément façonné le visage de l’Aubrac. Des moines d’hier aux artistes comme Greschny, ces bâtisseurs et créateurs ont laissé une empreinte indélébile dans nos villages et nos paysages.
Pour prolonger la découverte, laissez-vous guider par les édifices qui parsèment le territoire — la chapelle romane de Saint-Mariale (ou chapelle de Mels – ci-dessous) à Argences-en-Aubrac, l’église Saint-Thomas-de-Canterbury à Mur-de-Barrez et bien d’autres encore. Entre foi, histoire et beauté, le patrimoine religieux de l’Aubrac raconte avant tout une aventure humaine et spirituelle, toujours vivante aujourd’hui.

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